La saison de croissance au Québec est courte. L’hiver peut durer jusqu’à la fin mai, et dès la fin septembre, le gel est de retour. En conséquence, l’attente du printemps et de l’été est intense, et le désir de jardiner, pagayer sur les lacs, monter une tente en forêt et profiter du plein air devient une véritable quête.
C’est là que les tables champêtres, littéralement « tables rurales » où l’on peut savourer un repas estival spécial, prennent tout leur sens. Terroirs et Saveurs, l’agence d’agrotourisme du gouvernement du Québec, comprend bien cet amour des repas en plein air et a fait de l’expression tables champêtres une marque déposée pour son organisation. (Elle a également conçu des circuits gourmands en voiture et à vélo pour explorer les fermes et les champs de producteurs locaux, fromageries, vignobles, brasseries, ainsi que des vergers et champs d’autocueillette, allant des pommes aux camerises.)
Cette année, Terroirs et Saveurs a désigné 16 expériences de restauration à la ferme à travers la province – soit une augmentation de 33 % par rapport à l’an dernier – dans le cadre de sa mission.
« La Ferme Bika veut être un exemple », explique la cheffe Fisun Ercan. « Nous voulons offrir aux gens une expérience à travers la nourriture, en leur servant des légumes et des protéines locales produites de manière écoresponsable. »
Primée à plusieurs reprises, Bika – située à quelques minutes de route de Montréal – est un exemple emblématique de ce type de repas à la ferme. Née en Turquie, Ercan rêvait depuis longtemps de fonder une ferme. Après avoir dirigé avec succès plusieurs restaurants à Montréal, la cheffe ressentait un manque : celui d’un mode de vie centré sur la saisonnalité. Elle a donc cherché à recréer cela dans la campagne québécoise. Les convives de Bika sont installés à des tables confortables dans une grande structure inspirée d’une serre, située derrière un vaste potager, avec vue sur le doux va-et-vient de la cuisine. Le menu affiche fièrement chaque variété de légumes et d’herbes cultivées (comme les aubergines Barbarella, turques ou Orient Express cette année, par exemple), chaque plat étant décrit en détail : un jus de tomate verte lactofermenté a récemment ouvert le repas. À Bika, les clients apportent leur propre vin, insufflant un esprit participatif à chaque table.
Pour être reconnue comme table Terroirs et Saveurs, une ferme doit respecter certains critères, explique Caroline Delorme, directrice marketing de l’organisation : « La ferme doit produire sur ses propres terres, proposer un menu, et celui-ci doit contenir au moins 50 % de produits issus de la ferme elle-même ou de producteurs locaux. »