La cuisine aérée de Laurent Dagenais est telle qu'elle apparaît dans ses vidéos, avec une grande fenêtre coulissante donnant sur son balcon. On y trouve une énorme plaque de cuisson au gaz, un four avec des portes-fenêtres et une barre magnétique sur le mur avec les couteaux préférés du joyeux chef. C'est dans cet espace lumineux que les deux millions d'adeptes de Dagenais sur TikTok - et presque autant de fans sur Instagram - le voient trancher, découper, sauter, mijoter et jeter sa fourchette par-dessus son épaule lorsqu'il a fini de goûter l'une de ses délicieuses créations.
Laurent Dagenais et sa partenaire Amandine Francoeur forment l'équipe à l'origine de son succès. Il fait la cuisine (et le ménage, me dit-il) et elle filme. Ils sont chaleureux et accueillants lorsque je visite leur appartement à l'escalier en colimaçon, au cœur du quartier verdoyant de Rosemont, à Montréal, un samedi matin, alors qu'ils terminent la lessive de la semaine - et les phrases de l'autre - et racontent en français et en anglais ce qui leur est arrivé au cours des deux dernières années et demie.
"Tout a commencé par hasard", se souvient Laurent Dagenais. "Nous avions 10 followers sur TikTok en avril 2021, et puis une nuit - après la fameuse vidéo du gravlax - nous nous sommes réveillés avec toutes ces notifications." Ils ont continué, avec des sandwichs au poulet frit, des gigots d'agneau rôtis au feu de bois, des pizzas à l'ail sauvage et du poulpe grillé. Et le nombre de followers n'a cessé d'augmenter, même sur YouTube.
Laurent Dagenais n'a jamais aimé rester assis sur une chaise à l'école, me dit-il ; il a commencé à travailler dans un magasin de skate et a ensuite fréquenté une école de cuisine près de chez lui, apprenant tout, de la boucherie à la pâtisserie. Il a travaillé à Montréal au Local (qui n'existe plus) et s'est rendu à Whistler, en Colombie-Britannique, pour faire du snowboard et cuisiner, pour finir chez Araxi, un grand restaurant.
Le travail dans la restauration n'était cependant pas fait pour lui : il y avait trop de pression. Lorsqu'il s'est cassé le bras en faisant du snowboard, il est rentré à Montréal et a fait une pause dans sa carrière de cuisinier. Mais il n'a pas pu s'arrêter trop longtemps. "J'aime les couteaux et j'aime couper les choses", déclare-t-il.