Il suffit de franchir le seuil d’Amore Mio pour que l’atmosphère devienne presque palpable : ici, la lumière semble flotter sous le plafond, jouant sur les murs dans des reflets poudreux de terracotta. L’agencement mêle le bois blond du mobilier à quelques touches discrètes de céramique artisanale, comme autant d’échos à l’Italie profonde, mais jamais ostentatoires. L’espace respire cette chaleur douce, propice à la conversation, où chaque détail du décor incite à ralentir le temps, à s’attarder sur la texture des matières ou la délicatesse d’un reflet filtré.
La cuisine de Christopher Di Mauro repose sur une équation précise : convoquer la tradition italienne tout en lui insufflant une modernité subtile, sans jamais céder à l’artifice. La carte change au gré des saisons, la créativité restant contenue, toujours guidée par la sincérité du produit brut. À l’assiette, le chef privilégie la lisibilité des saveurs : en témoigne un gnocchi de pomme de terre sublimé par une réduction pure de tomates San Marzano, rehaussée de basilic frais et d’une ricotta minutieusement fouettée. Ici, tout se joue dans la balance—une douceur soyeuse contre l’acidité franche, le parfum du basilic faisant vibrer le tout.
Loin des clichés, Amore Mio compose un dialogue discret entre terroir local et accents méditerranéens. Les poissons grillés côtoient les légumes vivifiants du Sud-Ouest, chaque plat révélant un ancrage dans la saison et la région, mais porté par cette touche italienne maîtrisée qui élève la matière sans la masquer. Rien n’est laissé au hasard ; chaque choix témoigne de la volonté d’avancer avec mesure et justesse. Au final, l’expérience, à la fois contemporaine et enracinée, invite à redécouvrir une Italie dépouillée d’artifices, toute en épure et en vérité sur la table.
