Le secteur de l’élevage traverse une crise sans précédent. Alors que la filière de la viande en France a fait la « une » de la presse la semaine dernière, force est de constater que les Français ont tendance à la délaisser. Entre 1990 et 2014, sa consommation a en effet baissé de près de 20%. Hausse des prix, crise de confiance et changements d’habitudes alimentaires expliquent cette tendance.
Selon une étude du ministère de l’Agriculture – FranceAgriMer – intitulée « Impact de la crise économique sur la consommation de viandes et évolutions des comportements alimentaires », la consommation de viande décroit de façon continue depuis 1998. Elle est ainsi passée de 94,1 kg par an et par personne à 86 kg en 2014, dont 24,2 kg de bœuf (-27% par rapport à 1979), 32 kg de porc (-13% par rapport à 2003) et 27,1 kg de volaille (+2,65% depuis 2010). Une tendance commune à l’ensemble des pays de l’Union européenne dont la consommation moyenne par habitant est de 83,2 kg.
En période de crise, la hausse des prix ne favorise pas évidemment la consommation dont la dépense a baissé de 2008 à 2013 de 0,1% par an. Mais si la baisse de consommation de viandes et celle de poissons et fruits de mer s’accentue avec la crise, ce n’est pas le cas pour la consommation de lait, de fromages et d’œufs.
Les scandales sanitaires de la vache folle dans les années 90, puis au début des années 2000 de la grippe aviaire et de la grippe porcine ont marqué une nette rupture. Mais la tendance peut aussi s’expliquer par le niveau de développement économique du pays. Des chercheurs de l'université de Louvain (Belgique) ont mis en évidence qu'à partir d'un certain niveau de richesse, la consommation moyenne de viande décline.
Problème de confiance, de coût, mais aussi de perception en matière d’environnement. La production de viande requiert en effet davantage de ressources que d’autres ressources de protéines comme le confirme l’étude publiée en avril dernier dans le magazine anglais « Environment ». Les auteurs, Susanne Stoll-Kleemann de l'université Greifswald (Allemagne) et Tim O’Riordan, de l'université d'East Anglia (Royaume-Uni) déclarent : "La consommation importante et continue de produits de l'élevage dans la plupart des pays développés et la demande croissante pour les nourritures basées sur les animaux d'élevage dans les grandes économies de transition sont en train de créer des problèmes sérieux de dégradations sociales et environnementales prolongées et persistantes. Ces problèmes sont encore plus exacerbés et affectés par le changement climatique et les risques, la perte de biodiversité, la pénurie d'eau et la pollution de l'eau." Toujours selon eux "Dans le monde, 80% de la surface de terres agricoles est utilisée pour le fourrage, et 44% des récoltes de grain mondiales détournées vers la production industrielle de la viande".