Traverser la rue Saint-Lazare, au croisement de l’agitation parisienne, c’est aussitôt capter, presque par surprise, un calme inattendu en poussant la porte de Poni. Dans cette salle à taille humaine, la lumière zénithale se diffuse au fil du bois blond, adoucissant les murs épurés et invitant à une forme de quiétude discrète. Loin des ornements qui saturent certains décors contemporains, ici chaque détail s’efface pour mieux révéler l’essentiel : une table large, aux veines apparentes, l’éclat naturel d’une poignée de feuilles fraîches, le tintement feutré de la vaisselle au gré d’une conversation assourdie.
À première vue, la carte, ramassée sur quelques propositions, témoigne d’un choix affirmé : pas de démonstration tapageuse, mais une lecture saisonnière et spontanée, façonnée collectivement par une équipe qui préfère le geste juste au clinquant des tendances. L’assiette révèle cette retenue sans timidité, jouant de contrastes entre la douceur d’un légume primeur à peine croquant et l’intensité nette d’un bouillon clair, d’une huile infusée qui perle sur le bord d’une assiette. Les textures sont travaillées avec ce soin qui ne cherche jamais l’effet, mais l’équilibre, la nuance, la précision discrète.
La philosophie du lieu s’affirme ainsi en filigrane : composer à plusieurs mains, chercher la justesse plus que la surprise, cultiver une simplicité qui n’est jamais synonyme de facilité. Les bouquets d’herbes vibrantes, le parfum franc d’une émulsion légère ou d’un jus d’herbe, la tendreté maîtrisée d’une pièce du jour racontent, sans emphase, ce rapport direct au produit. Chez Poni, la cuisine s’ancre dans le présent, propose une respiration rare pour ceux qui souhaitent simplement goûter sans artifice, apprécier sans bruit – et, peut-être, redécouvrir la délicatesse du temps suspendu autour d’une assiette honnête.
