Le nom de Fanny Rey est partout depuis le 9 février dernier. La finaliste de la saison 2 de Top Chef est en effet la seule femme à avoir décroché une nouvelle étoile dans le Guide Michelin 2017 pour son restaurant L'Auberge Saint-Rémy, ouvert en 2012 avec son mari pâtissier Jonathan Wahid.
Un mois après l'obtention de cette distinction, Fanny Rey a accepté de nous livrer ses impressions et sa vision de la gastronomie française.
Comment avez-vous réagi à l'annonce de votre première étoile ?
C'était une grande émotion, beaucoup de bonheur ! Ca a été un sacré boost pour toute l'équipe ! Et depuis un mois, on a vu un net changement sur l'affluence des clients. Notre région est plutôt saisonnière et là, on a l'impression d'être en plein été tant on reçoit de monde chaque jour. C'est un truc de fou !
Comment expliquez-vous le fait que vous soyez la seule femme à avoir obtenu une nouvelle étoile cette année ?
C'est vrai que la cuisine est un univers très masculin ! Ce qui est assez étrange quand on sait que dans la majorité des foyers, ce sont les femmes qui cuisinent. Mais quand cela devient un métier, c'est très différent. C'est un milieu où il faut être combattant et au quotidien, cela peut devenir fatigant et stressant. Pour moi, toutes ces choses ne sont pas une contraire mais plutôt un moteur. J'ai besoin de ça pour que mes journées soient belles. Mais il est vrai que dès qu'on a des enfants, c'est tout de suite plus compliqué pour une femme d'avoir des horaires contraignants comme ceux de la restauration. De mon côté, j'ai deux enfants de 8 et 13 ans, et j'ai eu beaucoup de chance car ma belle-mère a toujours été très présente pour me soutenir et les garder les week-ends, le soir, les vacances... C'était un gros plus !
Comment définiriez-vous votre cuisine ?
C’est une cuisine généreuse, basée autour des produits. Le mot qui revient souvent c'est "locavore". Je fais en sorte de travailler les produits que je trouve autour de chez moi. Je travaille beaucoup de poissons et de produits méditerranéens. Je propose unen cuisine légère où je minimise les sucres, les matières grasses animales, le sel et tous les trucs bizarres style émulsifiants, gélatines, etc. Mais je ne dirais pas que ma cuisine est diététique pour autant. A vos lecteurs de venir goûter pour se faire leur propre idée ! (rires)
Que retenez-vous de vos 5 ans passés au Ritz ?
Je pense que c'est un rêve pour beaucoup de cuisiniers de passer un jour la porte d'un tel établissement. Il est inscrit dans l'histoire de la gastronomie française, les cuisines sont énormes et je crois que je n'ai jamais vu une brigade aussi remplie, avec beaucoup de MOF. Pour moi, qui étais toute jeune à l'époque, c'était un émerveillement de voir toutes ces cloches et ces couverts en argent, ces chefs talentueux... Je me disais souvent : "Ouah, j'ai vraiment trop de chance d'être ici!"
Et que vous a apporté votre passage dans la 2e saison de Top Chef ?
Top Chef m'a fait grandir. Ca a aussi été l'occasion de faire de belles rencontres professionnels, d'avoir accès à de grands chefs et de rencontrer plein d'univers différents parmi les candidats.
Quel regard portez-vous sur la gastronomie française aujourd'hui ?
La gastronomie française a toujours été n°1 dans le monde, mais je ne pense pas qu'il faille rester sur nos acquis. Nous avons de très bonnes bases, de très grands chefs, mais le monde va très vite et il faut être avant-gardiste tout en respectant la matière première. C'est un recherche perpétuelle pour se renouveler.
Avez-vous un pêché mignon ?
Le chocolat ! N'importe lequel ! Mais pas forcément transformé en dessert. Pour moi, le meilleur reste le petit carré... qui se transforme souvent en tablette !
Avez-vous des projets dont vous aimeriez nous parler ?
Nous sommes actuellement en plein travaux dans l'Auberge pour redécorer les chambres. Côté restaurant, on change le mobilier extérieur pour donner une nouvelle dynamique à l'établissement.
Où ? L'Auberge Saint-Rémy, Boulevard Mirabeau, Saint-Rémy-de-Provence.