Dans le 17e arrondissement, Fanfan s’efface derrière une façade discrète, préférant laisser opérer le charme d’un intérieur à la fois feutré et pleinement contemporain. Mobilier aux lignes nettes, tonalités fauves rehaussées de bois mat, et jeux de lumière savamment dosés composent un théâtre où rien n’est laissé au hasard. Dès l’arrivée, c’est la sensation d’une chaleur enveloppante qui prime, renforcée par le subtil parfum de clarifié qui flotte depuis la cuisine ouverte. La salle respire cette sobriété active, sans pour autant sacrifier une identité marquée : une élégance souterraine, loin du clinquant.
Sur table, chaque assiette trahit une obsession de l’équilibre : légumes tranchés comme au scalpel révélant des éclats de couleurs francs, jus montés à la minute et sauces réduites qui nappent sans dominer, finition d’herbes fraîches juste ciselées. La main du chef s’exprime dans un jeu de textures soigneusement orchestrées, où le croquant d’un radis voisin d’une mousseline aérienne, où l’acidité rafraîchit la rondeur d’un poisson juste nacré. Fanfan cultive ce dialogue entre racines françaises et inspirations asiatiques en filigrane, modérant l’intensité, cherchant à dévoiler des alliances inattendues : la betterave acidulée rencontre le yuzu, la volaille fermière s’accompagne d’un dashi infusé à la livèche.
Ici, il s’agit moins de surprendre à tout prix que de ciseler l’émotion, d’amener le convive à observer les nuances, à s’attarder sur la profondeur d’un bouillon limpide ou la persistance d’une marinade à l’umami discret. La table devient le lieu d’un dialogue, non d’un monologue, et la réflexion s’offre en filigrane jusqu’à la dernière goutte de sauce. On y retrouve une vision de la modernité silencieuse, attachée à la cohérence plutôt qu’au spectaculaire, où chaque repas se rapproche d’une exploration intimiste.