À quelques pas de l’animation feutrée du Faubourg Saint-Honoré, Miglia révèle une autre facette de la capitale, loin du clinquant attendu. Ici, pas de faste tapageur, mais un équilibre subtil entre la contemporanéité et un certain classicisme méditerranéen. Dès l’entrée, une lumière douce effleure les tables soigneusement alignées, où bois blond et matériaux minéraux dialoguent en harmonie. De grandes baies vitrées laissent deviner l’agitation urbaine sans jamais la laisser troubler le calme intérieur. Le regard s’attarde sur des œuvres abstraites, choisies avec justesse pour accompagner une vaisselle artisanale légère et délicate – chaque objet participant silencieusement à l’expérience.
La carte, elle, se distingue par l’absence de signature appuyée : aucun plat ne cherche à s’imposer comme vedette. À la place, on découvre une écriture culinaire où les textures priment sur l’accumulation d’arômes puissants. Les assiettes rappellent ce que pourrait être l’avenir d’une cuisine méditerranéenne épurée. Risotto aérien, grains justes, mise en avant du légume travaillé en finesse – racines oubliées révélées par une cuisson douce, huiles d’olive qui soulignent plus qu'elles n’imposent leurs accents, filets de poisson pochés et nacrés, servis parfois avec une simple purée fumée à la douceur surprenante.
La philosophie de l’équipe écarte les artifices, se concentrant sur l’expression la plus pure des produits de saison et sur l’héritage franco-italien, livré de façon contemporaine, presque dépouillée. Miglia invite à la contemplation discrète : chaque assiette raconte un équilibre, entre le végétal et le minéral, la douceur et la tension. Ici, la modestie de l’approche n’entrave jamais la précision des associations, créant ainsi une parenthèse où la cuisine s’épanouit sans bruit mais non sans maîtrise.