Cette semaine s'est tenu à Paris le salon Rapid Resto, spécialiste du snacking et de la street food. Pendant deux jours, l'événement a été ponctué de conférences dont la première a dressé le bilan de l'état du marché des restaurants à emporter en France. FineDiningLovers vous en dit plus sur les tendances actuelles et futures en matière de vente à emporter.
Le marché des restaurants à emporter en France en déclin
Nicolas Nouchi, directeur général de CHD Expert France, institut spécialisé dans la collecte de données de la consommation hors domicile, est clair. Pour lui, « la restauration rapide n'est plus la mine d'or qu'elle était il y a dix ans ». Alors qu'à l'époque, les autodidactes en quête d'une nouvelle vie pouvaient aisément se lancer sur le marché, ils doivent aujourd'hui travailler davantage pour se faire une place au soleil. « Les consommateurs en demandent toujours plus », affirme-t-il. « Ils veulent aller plus vite tout en se faisant plaisir, accéder à une offre saine et équilibrée, mais également être sûrs de l'origine des produits qu'ils consomment, de leur authenticité. Le tout pour un budget moyen de 6 euros par repas.»
Il en résulte une baisse de la fréquentation des établissements de restauration rapide, ainsi que le panier moyen. A la place, les travailleurs français préfèrent manger chez eux à l'heure du déjeuner (31%), ou apporter leur propre nourriture sur leur lieu de travail (12%). La restauration rapide n'arrive qu'en troisième position, à égalité avec les restaurants d'entreprise (9% chacun). S'en suivent les boulangeries (8%), restaurants dits « classiques (7%), les achats en supermarché (7%), les repas livrés sur le lieu de travail (6%), les cafétérias (5%), les stations service et autres (3% chacun).
Restauration rapide : le burger s'impose partout
Malgré ces résultats, la restauration rapide vit tout de même de beaux jours en France. En réalité, ce léger déclin s'explique davantage par l'explosion de l'offre, aujourd'hui plus élevée que la demande.
Pour s'assurer une certaine pérénité, les restaurants n'hésitent pas à proposer des concepts hybrides, mélangeant gastronomie classique et plats de fast food. La preuve, « rares sont les brasseries qui, de nos jours, n'ont pas de burger à la carte », souligne le directeur général de CHD Expert. « Ce plat est passé du stade négatif de la malbouffe au rang de gastronomie grâce à sa maléabilité. » Rapide, personnalisable, parfois artisanal ou fait maison, le burger a indéniablement la cote. Mais un jour, cette mode finira par lasser, tout comme celle des bars à pâtes ou des sushis, dont le marché est arrivé à saturation.
Restauration rapide : les grandes tendances de demain
« Pour savoir quel concept marchera demain, il faut se tourner vers l'étranger, notamment les pays asiatiques ou l'Amérique du Sud », recommande Nicolas Nouchi. Ainsi, des mets comme le Bo Bun ou le tacos gagnent peu à peu le cœur des Français grâce à leur côté pratique, économique et exotique.
La France a également une marge de manœuvre assez importante concernant la restauration anti-allergène. « Notre pays est très en retard sur le sujet par rapport à l'Italie, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis », regrette l'analyste. Sans pour autant ouvrir des commerces spécialisés dans le sans gluten, sans arachide ou sans lactose, les enseignes devraient tendre à proposer des alternatives alimentaires aux intolérants.
D'ici cinq ans, Nicolas Nouchi prévoit également l'évolution du marché de la boulangerie, qui proposera des formules snacking le midi comme le soir. Du côté des supermarchés, là encore le directeur général de CHD Expert constate une large marge de progression pour la vente à emporter de formules déjeuner, à l'instar de celles proposées par Daily Monop'. Les foodtrucks, quant à eux, semblent être ceux qui innovent le plus en termes de restauration rapide, malgré des difficultés certaines à sortir du lot et se faire une clientèle fidèle.
Dernier conseil de Nicolas Nouchi pour les professionnels des restaurants à emporter : être présent sur internet et intégrer plus de nouvelles technologies au sein même des points de vente, pour être en adéquation avec les nouveaux comportements des consommateurs.