Ce dimanche 29 novembre, une centaine de chefs et de journalistes spécialisés ont signé une tribune publiée dans Le Journal du Dimanche. A travers celle-ci, de grands noms de la gastronomie tels que Christophe Aribert, Arnaud Lallement, Régis Marcon ou encore Manon Fleury, plaident pour une livraison éthique.
"Depuis huit mois, les restaurants survivent au rythme de fermetures qui s'enchaînent", débute la tribune, affirmant que les restaurateurs ont dû "se réinventer" en se mettant notamment à la vente à emporter et la livraison.
"Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si ce marché n'avait pas été préempté par des acteurs aux méthodes contestables. À grand renfort de levées de fonds faramineuses et d'optimisation fiscale, ils opposent à tous une concurrence déloyale, occupant le terrain sans souci de rentabilité, ponctionnant des commissions exorbitantes tout en exploitant des livreurs précarisés", poursuit la tribune.
"En s'abstenant de réglementer sérieusement ce secteur, nos gouvernements successifs ont laissé entrer le loup dans la bergerie. Nous avons assisté à l'explosion des 'dark kitchens', ces cuisines partagées dans lesquelles de vrais restaurants et des restaurants fantômes se côtoient pour produire des repas dédiés à la livraison. On s'y préoccupe davantage de l'horloge qui tourne que des cuisiniers que l'on presse et des denrées que l'on gaspille", préviennent ces acteurs de la restauration.
"Des alternatives existent, sous la forme de plateformes engagées, respectant les valeurs des chefs, limitant au maximum le gaspillage et la production de déchets, appliquant des commissions raisonnables, employant uniquement des livreurs salariés. Elles sont hélas encore peu ou mal identifiées par des restaurateurs aux abois, mus d'abord par l'urgence."
Dans cette tribune, les chefs et journalistes expliquent également que les clients ont eux aussi un rôle à jouer en acceptant par exemple de payer le juste prix "permettant de rémunérer correctement l'ensemble des acteurs, de la fourche à la fourchette". "Comprendre qu'un plat livré en 20 minutes, pour un coût de livraison de 2,50 euros, c'est la promesse d'un livreur sous-payé, sans protection sociale, qui tourne à vide et sans revenu lorsqu'il n'effectue pas de course. Réaliser qu'un repas qui arrive de trop loin, en véhicule à essence, c'est une empreinte carbone que l'on peut refuser. Faire preuve de solidarité en pensant d'abord à son restaurant de quartier."
"Nous appelons les autorités politiques à réglementer des plateformes délétères pour tous, sauf pour elles-mêmes. Nous demandons à ces plateformes de modifier leurs pratiques. En attendant, les mangeurs ont le pouvoir."
Pour en savoir plus, direction le site du collectif livraison éthique.