Décidemment la gastronomie s’invite partout. A la radio et dans la littérature, bien sûr, mais aussi au cinéma comme encore en fin d’année avec le film Pension Complète. Elle s'invite aussi sur le petit écran au travers des nombreux programmes qui lui sont dédiés et même sur Netflix qui lancera la série Cooked le 19 février prochain. Plus surprenant encore, la gastronomie s'invite aussi sur les planches avec le dîner spectacle Une mariée à Dijon.
Cette pièce adaptée et mise en scène par Stéphane Olry d’après les textes de l'Américaine Mary Frances Kennedy Fisher, relate sa propre expérience de jeune mariée arrivée à Dijon au début des années 30. C’est au restaurant Les Trois Faisans (qui n'existe plus aujourd'hui) que Mary, accompagnée de son mari, sera initiée par le jeune serveur Charles aux subtilités de la cuisine bourguignonne. Quelques années plus tard, séparée de son mari, elle souhaite faire partager l’expérience à son nouveau compagnon, car pour elle « partager un repas est un acte intime qui ne devrait pas être pris à la légère.»
Les spectateurs partagent eux aussi le dîner
L’originalité de la pièce est davantage dans la scénographie que dans le récit aussi séduisant et intéressant soit-il. Sur scène, sont dressées huit tables disposées en fleur autour dʼun podium depuis lequel l’actrice Corine Miret interprère son texte. Les spectateurs sont conviés à s’attabler. Les audacieux pourront alors depuis la scène prendre part à la pièce et au repas qui se compose comme suit : Salade cristal, Soupe butternut, Patidou et Compote de pomme-coing-menthe. Tous les ingrédients sont bios et proviennent de potager du château de la Roche Guyon. « Une expérience sensuelle au possible. Nous pouvons manger entre chaque plats littéraires : nos sens sont ouverts comme nos pores sous une longue douche chaude. » écrit le journaliste Hadrien Volle du site culturel ScèneWeb. Entre chaque plat, Corine Miret qui interperète Mary, raconte en effet cette initiation et évoque ses souvenirs de ces deux repas pris à quelques années d'intervalle à Dijon, désormais reconnue Cité internationale de la Gastronomie. Le texte est porté par des interludes musicaux interprétés par Didier Petit au violoncelle.
Extrait de la pièce Une mariée à Dijon
« Je ne sais plus au juste ce que nous avons mangé, mais c’était sûrement de la cuisine au vin riche et relevée typique de la Bourgogne, avec ses nombreuses sauces brunes, ses viandes un peu faisandées, et pour conclure, je le subodore, un soufflée au kirsch et fruits confits ou quelque autre bagatelle impalpable. Nous avons mangé avec lenteur, avec bonheur, sous lʼœil vigilant du petit Charles et, grâce au vin, rien ne nous a paru lourd ou indigeste. Quand nous sommes enfin rentrés chez nous, où nous devions pour la première fois faire tourner la clef dans la serrure de la petite porte et gravir l’escalier en zigzag jusquʼà nos deux pièces, peut-être notre démarche était-elle légèrement incertaine. Mais nous avions l’impression dʼavoir voyagé jusqu’aux rivages les plus éloignés dʼun autre monde. Le vent qui soufflait de ces terres nous avait grisés, ainsi que la certitude que ce monde était à notre portée et nous attendait. » écrit M.F.K Fisher dans Une mariée à Dijon.
Créée en 2014 par le Théâtre de l’échangeur à Bagnolet en Ile de France, ce spectacle souper est actuellement au Théâtre de l’Aquarium (La Cartoucherie, Paris 12ème) jusqu’au 21 février. Il est proposé dans le cadre du cycle Paroles de femmes qui portera à l’affiche une autre pièce sur le thème de la nourriture du 8 au 26 mars 2016 intitulée « Sacré sucré, salé ».