À Toulouse, quelques marches discrètes suffisent à s’éloigner du tumulte urbain pour pénétrer dans l’univers soyeux de Cheri cherie. Dès la porte franchie, un parfum de bois blond et de pain chaud s’échappe vers l’intérieur, tandis que le mobilier joue la carte de la justesse : tissus naturels, tables en noyer mat, et quelques livres d’art posés là, comme des clins d’œil à la culture locale. L’éclairage, mûrement réfléchi, esquisse des halos intimistes sur les murs crème, dessinant une atmosphère feutrée où le temps semble ralentir.
Sur la table, l’approche culinaire s’exprime dans une sobriété assumée. Les assiettes dévoilent leur contenu sans détour : une découpe de légumes rôtis, parfaitement brillants, voisine avec un filet de canard subtilement rosé, le tout escorté de jus courts et limpides. Rien d’ostentatoire – le style revendique plutôt le respect du produit, une précision dans le geste, et cette touche contemporaine qui effleure l’assiette sans la bousculer.
La carte, renouvelée au fil des arrivages, traduit une philosophie qui privilégie la trame régionale. Le chef propose une lecture personnelle des racines occitanes, mais refuse de s’enfermer dans la nostalgie. Un carpaccio de betterave côtoie la légèreté d’un poisson blanc mariné, parfois relevé d’une vinaigrette au citron confit, clin d’œil discret à la Méditerranée. Tout ici suggère l’écoute attentive des saisons et la volonté de laisser chaque saveur s’exprimer pleinement, sans fard. Cheri cherie s’impose ainsi comme une table où l’on découvre le Sud-Ouest autrement, avec justesse, dans une ambiance confidentielle qui invite à la contemplation aussi bien qu’à la gourmandise.