Il y a précisément un mois, le 9 février dernier, l'équipe de France décrochait la médaille de bronze de la Coupe du Monde de la Boulangerie, qui se déroulait en marge du salon Europain. Devancés par la Corée du Sud et Taïwan, les Français ont réussi à replacer la team bleu/blanc/rouge sur le podium.
Un mois après cette jolie récompense, qui a demandé beaucoup de travail et d'application, les trois boulangers sont revenus pour FineDiningLovers sur cet événement hors du commun. Interview croisée de :
- Cyrille Martin, boulanger et professeur au lycée hôtelier François-Rabelais de Dardilly (Rhône-Alpes) - en charge de l'épreuve "baguettes et pains du monde" ; - Déborah Ott, Meilleure Jeune Boulanger de France en 2008 et lauréate de la Coupe internationale sur le salon International de la Boulangerie en 2009 - en charge de l'épreuve "viennoiseries" ; - Claude Casado, gérant de la boulangerie Au Coin du Four, à Cluses (Haute-Savoie) - responsable de la pièce artistique.
Maintenant que la pression du Mondial de la boulangerie est redescendue, quel souvenir gardez-vous de cette compétition? Cyrille Martin : Que de bons souvenirs et surtout aucun regret ! J'en retiens aussi des échanges fructueux avec des gens passionnés. C'était une belle aventure.
Claude Casado : C'était un moment à la fois dur et beau. Nous avons représenté la France, la boulangerie et l'artisanat français... C'était un grand défi où tout s'est joué sur quelques heures alors que l'on avait bossé pendant trois ans pour passer toute les épreuves.
Déborah Ott : Je me dis que c'était une super aventure et que s'il fallait recommencer, je le ferais sans hésiter. Je pense sincèrement que notre équipe n'a rien à regretter et qu'on a vraiment tout donné. C'est ça l'essentiel.
La Coupe du Monde de Boulangerie n'a lieu qu'une fois tous les quatre ans. Comment s'entraine-t-on pour une telle épreuve ? C.M. : La première chose est de bien s'entourer pour ne pas se disperser. Pendant trois ans je me suis entraîné tous les deux jours aussi bien en boulangerie pure qu'en faisant du sport et en m'entraînement mentalement. Je misais aussi sur une bonne récupération.
C.C. : On a pu se préparer au fil des différentes étapes de sélection : la coupe régionale, puis une nouvelle pièce pour la Coupe de France à Paris. Il y a eu ensuite la sélection Europe avec trois pièces pour enfin arriver à la Coupe du Monde.
D.O. : Notre équipe se regroupait tous les mois pendant trois jours et on s'entrainait toutes les semaines chez nous individuellement. On échangeait régulièrement des photos, on s'appelait beaucoup et personnellement, j'avais un coach qui me suivait en Alsace.
Quel est le secret pour une baguette/un pain réussi/e ? C.M. : Bien maîtriser le pétrissage, en prendre soin, respecter la pâte et l'accompagner jusqu'a son épanouissement au four.
Et pour une pièce artistique réussie ? C.C. : Qu'elle soit à la fois belle légère. Il faut que vous l'aimiez car elle vous représente.
Et pour une viennoiserie ? D.O. : Mon secret est de placer la pâte au frigo. Je veux que cette pâte soit froide au moment de la travailler afin d'obtenir un feuilletage optimal.
Quels sont vos projets à venir ? C.M. : Partager mes connaissances avec celles des autres dans le monde entier afin de faire avancer notre métier . C.C. : Reprendre ma vie en tant que chef d'entreprise. Mais j'aimerais bien être pris pour les Masters de la Boulangerie de 2018. Je pense avoir mes chances car j'avais obtenu la meilleure note en Coupe d'Europe avec un 18.5 et nous avons fini sur la troisième marche du podium à la Coupe du Monde.
D.O. : Si je suis sélectionnée pour les Masters de la Boulangerie j'irais avec grand plaisir. Mais je ne me mets pas la pression. On verra selon les opportunités et mes envies sur le moment. On sort tout juste d'un événement énorme et je ne veux pas me mettre dans une case pour l'instant.
Crédit photo : Clémentine Bejat/Sabine Serrat