Élevée entre la France et l'Italie, Nathalie George est une passionnée de cuisine qui a croisé le chemin des plus grands chefs, notamment celui de Joël Robuchon, dans le cadre de son travail.
Mais dans les années 2000, un "séisme du destin" la "propulse" au 6e étage d'un immeuble parisien, dans une petite chambre de bonne. "Quand on vit au 6e, on n'a pas de pognon, pas de place et pas beaucoup de temps. Cette dernière notion peut paraître étrange mais je pense vraiment qu'au 6e, on a un rapport au temps différent. Ca nous recadre sur l'essentiel", estime celle qui vient de sortir son livre La Cuisine du 6e étage. Du piano au réchaud !, préfacé par Yannick Alléno.
Dans cet ouvrage, Nathalie George livre de nombreuses recettes "à l'ancienne", sans photos ni quantités précises, mais surtout un tas d'anecdotes gourmandes. "L'idée n'était pas tant de faire un livre de cuisine que de parler d'une expérience de vie au travers la cuisine, mais aussi rendre hommage à ma grand-mère Gigi (Gilberte), qui m'a tout appris en cuisine." Pour elle, la cuisine est une école de vie, une façon de transmettre son amour du partage, que l'on soit "aisé ou non". "C'est un fil conducteur merveilleux qui permet de rester en contact avec les autres", estime Nathalie George.
La Cuisine du 6e étage se décompose en trois parties, ou plutôt en trois actes. "J'ai voulu le présenter comme une pièce de théâtre avec trois ambiances, trois types de vie, trois types d'approche de la cuisine", nous explique l'auteure.
Dans l'acte I, elle retranscrit "telles quelles" les recettes de Gilberte, sans quantités précises ni préparation détaillée. "Écrire une recette, c'est très ennuyeux. Ca demande de figer quelque chose qui, au départ, est créatif. Ma grand-mère me balançait les instructions comme ça. Si tu comprends, c'est bien. Sinon, tu te démerdes. Si tu mets trop de sel, t'en mettras moins la prochaine fois. C'est comme ça qu'on apprend", s'amuse Nathalie.
L'acte II retrace ensuite ce qu'elle a appris de la cuisine italienne, avant de finir par la cuisine du 3e étage dans l'acte III.
Nous avons demandé à Nathalie George, experte de la cuisine dans des petits espaces et avec peu de moyen, 5 conseils pour cuisiner "au 6e étage". Les voici :
1/ Considérer qu'il n'y a pas d'obstacles : finance, espace, matériel, technique... Il ne faut pas considérer dès le départ qu'on ne pourra rien faire si on a rien de tout ça. Tout est possible.
2/ Se faire confiance : ne jamais dire "je ne sais pas" et foncer. Ceux qui répondent qu'ils ne savent pas cuisiner trouveront dans ce livre des choses très simples, à tel point que lorsque j'ai commencé à écrire je me disais parfois "je ne peux pas écrire ça, c'est trop simple". Mais une fois dans le journal, j'ai vu passer une recette de radis/beurre alors une recette de salade de pommes de terre/thon/oeufs durs, c'est d'une simplicité enfantine, sans inventivité, mais c'est vraiment très bon et ça, certaines personnes ne le savent pas !
3/ Les choses les plus simples sont souvent les meilleures : dans la continuité du conseil précédent, je pense que parfois il ne faut pas chercher trop loin. Ce qui me déplaît chez certains chefs, c'est qu'ils en mettent parfois trop et on ne sait même plus ce qu'on a mangé. Ce que j'admirais dans la cuisine de Joël Robuchon, c'est que les choses avaient le goût de ce qu'elles étaient, mais sublimées. La preuve avec son plat signature : la purée de pommes de terre.
4/ Miser sur la qualité des ingrédients : la qualité n'est pas une question de moyen, honnêtement ! S'il vous plaît n'achetez pas tout fait ! En plus, vous verrez que la cuisine est le meilleur des anti-dépresseurs.
5/ Toujours avoir des épices et condiments : fines herbes, épices, oignons, échalotes, etc, seront vos meilleurs alliés. Ils permettent de rendre savoureux ce qui au départ n'a pas forcément beaucoup de goût.
La cuisine du 6e étage, Du Piano au réchaud !
Editions Hérodios 208 pages
Prix : 20 €