Hier soir, ce sont plus de 100 000 personnes qui ont partagé le même menu concocté par plus de 1 300 chefs dans 150 pays. Un événement planétaire unique pour la promotion de la gastronomie française. Orchestrée par le Quai d’Orsay, l’opération baptisée "Goût de France / Good France" imposait la composition du menu dans le respect de la tradition culinaire française, et de son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco. Les 1 300 chefs participants, dont 85% étrangers, avaient en effet du au préalable passer dans les fourches caudines d’un comité de sélection présidé par Alain Ducasse. Pour autant, il ne s’agissait pas de renvoyer une image élitiste de la gastronomie française puisque le menu était proposé dans les établissements participants à partir de 30 euros.
«En ce moment même, le monde entier a le plaisir de déguster la gastronomie française», s’est félicité Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. D’Istanbul à Rio de Janeiro, de Hong-Kong à Rome, en passant par Pékin, l’opération a sans aucun doute remporté un franc succès. Pour l’occasion, tout le réseau diplomatique français à l’étranger avait été mobilisé. Dans les ambassades et consulats, de grands chefs se sont prêtés au jeu pour concocter un menu à la française à des convives triés sur le volet. Ainsi, au palais Farnese, siège de l’ambassade de France en Italie, Guillaume Gomez, le chef de l’Elysée a servi un foie gras, suivi d’un risotto à la truffe, d’une Saint-Jacques et d’un mignon de veau. Au consulat de France à Istanbul, Olivier Pistre a également fait le choix d’associer des produits locaux à la tradition française en proposant du turbot du Bosphore et une «poule au pot Henri IV». En Chine l’exercice a été un peu plus complexe. A Hong Kong, le chef étoilé Akrame Benallal a du adapter son menu au goût des convives. Et à Pékin, la traduction du menu a posé quelques difficultés d’ordre technique. Comment en effet traduire par des idéogrammes l’idée de la gougère ou de la mouillette ?
Les toasts au foie-gras réalisés par Marc Haerbelin pour le dîner du 19 mars 2015 à Versailles Crédit photo : MAEDI/F. de la Mure
C’est en France évidemment que l’opération a conquis le plus grand nombre de restaurants. Plus de 200 chefs, étoilés ou non, s’étaient impliqués à la réalisation de ce menu à la française. Mais c’est à Versailles, dans la Galerie des batailles qui célèbre l’épopée militaire de la France, que 650 convives étaient réunis, parmi lesquels la plupart des ambassadeurs en poste à Paris. "La gastronomie fait partie de l’identité de la France, au même titre que le château de Versailles", a souligné Laurent Fabius par ailleurs en charge de la promotion du tourisme. Ce sont Marc Haeberlin et la chef japonaise Fumiko Kono qui ont ouvert le bal avec des toasts de foie gras et des gougères. Joël Robuchon leur a emboité le pas avec une symphonie de tartare de saumon. Alain Ducasse a proposé - en toute naturalité - un "quinoa d’Anjou et des légumes racines". Quant à Gérard Passédat et Alain Dutournier, ils avaient respectivement préparé un bar et un agneau de lait. Mais que les français se rassurent.
650 convives réunis à Versailles pour la 1ère Fête de la Gastronomie Française - Crédit photo : MAEDI/F. de la Mure
Ce festin des chefs semblerait ne rien avoir coûté à l’état selon Philippe Faure, chargé de l’organisation de cette opération ; le repas ayant été pris en charge par les sponsors.
Hier le monde entier a mangé français. Et désormais la date du 19 mars restera gravée comme la journée internationale de la Gastronomie Française.