Richard Leroy est l'un de ces vignerons arrivés sur le tard dans le monde de la viticulture. Aujourd'hui considéré comme l'un des « maîtres » du cépage chenin, il est également connu pour son combat pour l'agriculture biologique et biodynamique, la seule méthode de travail envisageable selon lui. FineDiningLovers s'est intéressé à cet amoureux du vin, qui fait également tout pour protéger la nature.
Vous n'avez pas fait d'étude dans le vin et n'avez aucun vigneron dans la famille. Comment êtes-vous arrivé dans ce milieu ?
La passion du vin m'a été transmis par ma femme, qui a fait un BTS en commercialisation des vins près de Mâcon. Après ses études, elle était responsable d'un magasin spécialisé en Allemagne et a fait pas mal de stages auprès de vignerons. J'ai découvert cet univers à travers elle jusqu'à mon arrivée à Paris, où j'ai monté une école de dégustation dans le 5e arrondissement.
Un jour, j'ai goûté un vin d'Anjou exceptionnel qui m'a donné envie d'en savoir plus sur cette région. Je suis vite tombé sous le charme de ce terroir où j'ai finalement décidé de reprendre une exploitation pour en faire mon métier.
Cela fait près de dix-huit ans que vous êtes viticulteur et vous êtes connu pour vos principes écologiques. Pouvez-vous nous décrire votre méthode de travail ?
Ma façon de travailler ne suit qu'un principe : le respect de la terre. Concrètement, je n'utilise aucun désherbant ni pesticide pour traiter mes vignes. Dès l'instant où j'ai voulu être vigneron, cela m'est toujours apparu comme une évidence. D'ailleurs, les vignerons des grandes appellations travaillent tous leur sol.
Depuis 2008, vos vins n'ont plus l'appellation « Anjou » mais « Vin de France ». Pourquoi cette rébellion contre l'organisation des systèmes d'appellation ?
Parce que j'estime qu'il y a un certain laxisme concernant la protection du consommateur. Pour moi, dire qu'un vin est « AOC » ou classé « vin de terroir » alors que le viticulteur bombarde son sol de désherbant, ça n'est pas admissible. J'ai donc fait marche arrière car le système d'appellation me paraît trop flou sur le sujet. Je me réinscrirai le jour où une appellation se portera garante de l'écologie.
Vous n'êtes pas non plus très friand de la vente de vin en grande distribution ?
Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis contre, mais je suis profondément convaincu que la grande distribution est dirigée par des gens motivés par le nerf de la guerre : l'argent. Aussi, tout le monde peut dire à un client que telle bouteille sera bonne car c'est un vin cher avec une belle étiquette. Je ne pense pas que les vendeurs en grande surface soient de vrais experts. Ou s'ils le sont, ils ne restent pas longtemps employés de ces magasins et se retrouvent vite dans des caves spécialisées.
Bientôt les vendanges. Comment a été l'année pour vos vignes au niveau du climat ?
Jusqu'à présent, l'année a été assez sèche et les vignes ont souffert de déficit hydrique. Les pseudos amateurs vous diront que c'est une bonne chose qu'il fasse beau, mais la vérité c'est qu'il faut un juste équilibre entre la lumière et l'eau. Mais les vendanges ne commenceront pour moi que mi-septembre et tout peut changer d'ici là. Il suffit d'un orage pour ruiner des mois de travail. Nous verrons le moment venu.