Erin – Le bistrot iodé de Nicolas Le Tirrand, entre retour aux sources et nouvel élan

Retour à la maison

C’est une histoire de boucles qui se bouclent. Vingt-cinq ans après avoir fait ses premières armes aux Mouettes, Nicolas Le Tirrand y revient en chef associé, prêt à ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de cet établissement emblématique de la côte bretonne, ouvert en 1933. En février 2025, il tourne la page de son restaurant étoilé Sources, à Lorient, pour se consacrer pleinement à cette aventure collective aux côtés de Gérard Le Faouder et Frédéric Avignon.

Le projet est ambitieux : impulser une dynamique nouvelle à l’hôtel tout en préservant son âme. Et cela commence par Erin, le bistrot au nom évocateur – “dune” en breton – ouvert au cœur même de l’hôtel. Ici, pas de nostalgie compassée, mais un vent salé, vif et moderne, qui traverse autant la carte que les lieux.

Une cuisine libre, franche et habitée

Si la proposition d’Érin n’est pas une réplique de celle de Sources, on y retrouve la patte singulière de Nicolas Le Tirrand. Des sauces pleines de relief, des assiettes limpides mais jamais lisses, et une vraie attention à l’intensité des goûts.

Quelques exemples ? Un poulpe à la flamme, moelleux et snacké juste comme il faut, des asperges au barbecue servies avec un délicat sabayon au lierre terrestre, un lieu jaune accompagné d’une sauce au vin jaune, ou encore une superbe canette de Challans exaltée par une sauce au poivre de Lomener, qu’on prend plaisir à saucer avec le célèbre pain bûcheron de la boulangerie Retour aux Sources. Une cuisine généreuse, lisible, mais toujours “twistée”, où chaque élément a quelque chose à dire.

Les produits de la mer – fruits de mer, poissons du jour – côtoient avec naturel ceux du terroir local, dans une carte mouvante, au gré des saisons et des arrivages. Une ode aux producteurs bretons et à l’héritage culinaire du chef, nourrie d’une liberté retrouvée.

Desserts d’auteur, entre terroir et fraîcheur

Et les douceurs ne sont pas en reste. À côté d’un kouign-amann revisité, hommage appuyé à la pâtisserie emblématique du pays breton, le chef signe aussi des desserts de cuisinier, pensés comme des assiettes à part entière : "Fraîcheur de fraises, capucine, crème glacée à la mascarpone", équilibre subtil entre végétal, fruit et onctuosité. Des compositions légères, créatives, toujours ancrées dans la saison, qui prolongent avec délicatesse le voyage sensoriel.

Un décor à couper le souffle

Côté salle, le restaurant accueille près de 80 couverts, dans un cadre lumineux, repensé avec élégance, où le bois clair et les teintes minérales dialoguent avec l’extérieur. Mais c’est sur la terrasse, les pieds presque dans le sable, face à l’océan, que l’expérience prend toute sa dimension. Là, la vue panoramique sur la plage et la mer agit comme un apéritif visuel, et chaque repas devient un moment suspendu, rythmé par le ressac et les parfums d’iode.