Moulaye Fanny est l'un des jeunes pâtissiers les plus suivis sur Instagram. Chaque jour, il fait saliver ses 47.000 abonnés en postant les photos de ses plus belles réalisations pour l'hôtel 700000 heures, avec le Lac de Côme pour toile de fond.
Pourtant, Moulaye n'était pas destiné à devenir pâtissier. Né à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le jeune homme n'est arrivé qu'en 2008 à Paris avec sa famille. "Dans mon pays, la culture culinaire est plutôt salée. Je n'ai pas de souvenir d'enfance avec une grand-mère qui préparait des tartes tatin", s'amuse-t-il. "Quand je suis arrivé en France, j'ai découvert l'univers de la pâtisserie grâce à des grandes maisons comme Pierre Hermé, Fauchon et surtout, on habitait juste à côté de la pâtisserie du MOF Stéphane Glacier à Colombes. Tous les dimanches, on achetait des gâteaux et je prenais souvent la tarte fine pomme-noisette qui est vraiment exceptionnelle. Cet équilibre, ces détails, les couleurs, les associations... Ca me fascinait ! Alors petit à petit, j'ai essayé de refaire ça à la maison avec des tutos sur internet et en regardant des émissions comme Le Meilleur Pâtissier", se souvient Moulaye Fanny.

Le plaisir du partage
Une fois étudiant, Moulaye vit dans un petit appartement. Là, il investit dans un four, des bouquins, des moules et du bon chocolat et décide de s'y mettre à fond. "Je ramenais souvent des pâtisseries pour mes amis de l'école d'ingénieur. J'essayais une recette différente toutes les semaines et on mangeait ça entre potes. Je faisais d'ailleurs partie d'une liste pour le BDE (bureau des élèves) et j'avais préparé un tas de gâteaux pour convaincre les étudiants de voter pour nous. Chez moi, j'avais des oeufs, du beurre et du lait jusqu'au plafond ! Le pire, c'est qu'on a même pas gagné", s'amuse-t-il.
Plus tard, Moulaye Fanny débute sa carrière en tant qu'ingénieur en système embarqué mais conserve sa passion pour la pâtisserie et commence à poster ses réalisations sur Instagram. "Je ne sais pas par quel miracle mais ma page a tout de suite plu. J'ai rencontré d'autres passionnés avec qui on s'envoyait des recettes, on se motivait... Il y avait un bel esprit de partage ! Et un jour, Jeffrey Cagnes m'a envoyé un message en me disant qu'il aimait beaucoup ce que je faisais et que si je le souhaitais, je pouvais venir dans son atelier Stohrer pour voir un vrai labo de pro. C'était dingue ! J'ai tout de suite accepté et ça a été une vraie révélation ! Pendant un an, j'y allais tous les week-ends, bénévolement, pour apprendre encore plus. Jeffrey est vraiment un homme en or ! Ma rencontre avec lui a été décisive et il m'apporte encore beaucoup aujourd'hui", admet le pâtissier de 29 ans.

Sauter le pas
Après cette année passée chez Stohrer, Moulaye Fanny en est sûr : il veut se reconvertir. Le jeune homme commence par quelques collaborations, notamment avec la boulangerie French Bastards ou en créant des recettes pour Nespresso. "Ca m'a conforté dans l'idée qu'il y avait peut-être quelque chose à faire", se souvient-il. "En 2019, j'ai quitté mon travail pour passer mon CAP Pâtisserie à l'école Ferrandi. J'ai commencé en janvier 2020 mais dès le mois de mars, à cause du confinement, on faisait les cours en visio. Chacun devait se filmer chez soi en train de pâtisser... C'était particulier."
Finalement, Moulaye décroche son diplôme et effectue un stage de deux mois chez Yann Couvreur, avant de participer à l'ouverture du Café Caducée à Paris. "J'ai fait la mise en place de la pâtisserie et formé le personnel avant de reprendre mes projets de consulting et développement de recettes."

Depuis le mois d'avril, le jeune pâtissier poursuit sa folle aventure sur les bords du Lac de Côme, au sein de l'hôtel éphémère 700000 heures. "C'est un hôtel itinérant qui se déplace chaque année dans une ville différente pour proposer des expériences hors normes. Il y a eu le Brésil, le Cambodge, le Japon et cette année, 700000 heures s'installe pendant six mois en Italie. Les membres du club peuvent réserver une chambre dans la villa et bénéficier d'un service d'hôtellerie."
Pour ce projet Moulaye Fanny est seul en pâtisserie et prépare tout, du petit-déjeuner au goûter en passant par les desserts du déjeuner et du dîner concoctés par la cheffe de cuisine. Chaque jour, il prépare viennoiseries, pâtisseries, petits gâteaux, focaccia et pâtes à pizza avec des produits locaux et se rend trois fois par semaine au marché afin de sélectionner ses ingrédients.
Au mois d'octobre, Moulaye Fanny reviendra en France mais ignore encore où il posera ses valises. "J'ai envoyé pas mal de CV, tant en boutiques qu'en hôtellerie-restauration." Il ne nous reste plus qu'à lui souhaiter bonne chance pour ses futures aventures !
Crédit photo : Moulaye Fanny