À Courchevel, au cœur du palace Le K2, je signe la carte du Sarkara, un restaurant unique au monde : il est entièrement consacré à la pâtisserie gastronomique, et doublement étoilé au Guide Michelin. Ici, le dessert devient un plat à part entière, parfois construit… autour de légumes.
Ancien de chez Pierre Hermé et du groupe Savoy, j’ai voulu créer un lieu où le sucré s’émancipe, où la technique de la pâtisserie rencontre la sensibilité du cuisinier.
Fils de maraîcher, j’ai grandi au milieu des potagers, entouré d’odeurs de terre, de feuillage et de soleil. Ce lien intime avec le végétal guide chacun de mes desserts. Les légumes y trouvent naturellement leur place, non pas comme une provocation, mais comme une évidence. Voici mes conseils pour les intégrer avec justesse, originalité et gourmandise.
1. Pourquoi les légumes ont leur place en pâtisserie
Je suis littéralement né dans les légumes. En travaillant auprès des cuisiniers, j’ai observé leur manière de les transformer : crus, confits, rôtis, fermentés… Cela m’a donné envie de les faire entrer dans l’univers sucré.
Le légume apporte une palette aromatique que le fruit ne possède pas toujours : une douceur discrète, des notes herbacées, parfois salines, une texture croquante ou fondante. Tout cela enrichit la création.
Un exemple ? Un poivron confit au sucre, relevé de safran, de vanille et de citron : c’est d’une subtilité incroyable. Le légume devient alors un terrain d’exploration sensorielle, une matière vivante à écouter et à sublimer.
2. Quels légumes choisir pour commencer
Le choix du légume est crucial. Certains se prêtent plus naturellement à la pâtisserie : carotte, betterave, patate douce, fenouil… tous possèdent une douceur ou une texture qui se marie bien au sucre.
Pour débuter, je conseille de travailler en pleine saison estivale, quand les légumes sont à leur apogée. J’aime glisser du concombre finement tranché dans une tarte au citron : il apporte du croquant et une fraîcheur inattendue. Ou encore, une tomate cerise mûre, pochée dans une huile d’olive vanillée, posée sur une panna cotta : une bouchée d’élégance pure.
Mais surtout, je dis toujours : allez voir les producteurs. Discutez, goûtez, laissez-vous inspirer par leur passion. Un légume raconté par celui qui le cultive, c’est déjà une idée de dessert qui germe.